J’avais bien sûr entendu parler des AMAP, plein de fois même, mais finalement je ne m’étais jamais vraiment penchée sur la question du fonctionnement. Peut-être par à priori, peut-être par fainéantise….
Jusqu’à ce jour où j’ai mis les pieds chez Jacques, maraîcher à Verquin (62). Là, j’ai compris. J’ai compris comment on fait VRAIMENT pousser des légumes, comment on en chie, comment c’est dur, et comment c’est beau ! Avec la lumière de fin d’après-midi, ce soleil déclinant, la couleur des tomates et des fraises étaient sublimées… On s’est excusés maintes fois pour les “mauvaises herbes”, pour le boulot à faire, et pour le bordel ! Je n’ai rien vu de tout cela : j’ai vu de beaux légumes, crottés, pas calibrés, parfois malades, mais surtout humains ; des légumes, comment je n’en voie que dans le fin fond des Cévennes, quand je pars en vacances….
Et ça, c’est pour le visuel.
Ce jour-là, ils m’ont bien fait envie, Jacques et Gregory, l’odeur des fraises, la rougeur des tomates, l’appel des patates… Mais c’était le jour de distribution des amapiens, uniquement ! Je suis donc revenu le samedi pour acheter “comme tout le monde”. Et j’ai goûté.
Durant le trajet de retour, j’ai croqué dans une tomate à pleines dents, ce qui ne m’était pas arrivé depuis un bon bout de temps, et j’ai retrouvé le goût de la tomate ! Compliqué de l’exprimer autrement… Quand on cuisine, quand on essaie d’explorer le goût comme on le fait dans les Fricassées, on recherche des goûts simples et authentiques, sinon on transforme le plus possible…. Là, avec des légumes pareils, transformer devient superflu. Et on réapprend à cuisiner du coup, à accorder, à prendre soin des produits. J’ai même envie de dire qu’on réapprend à manger…
Et si tout ces arguments ne vous ont pas convaincu, j’en viens au fonctionnement en tant que tel : adhérer à une AMAP, c’est soutenir et s’engager aux côtés d’un maraîcher pour une année de production, ni plus ni moins. C’est lui assurer un revenu et un prix de vente juste. C’est lui permettre de faire ce que j’ai décrit plus haut : de la qualité, à prix complétement abordable, en respectant les consommateurs, le sol et la planète… Tout ça pour quelques euros par semaine. Alors, hop hop hop, on y va, on se renseigne, des fois faut faire quelques kilomètres, mais c’est toujours moins polluant que faire venir des fraises du Péru !
Il y en a forcément une près de chez vous : www.reseau-amap.org